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jeudi 18 avril 2013

La Dette publique

Selon les théoriciens de la dette publique, il y aurait un effet de seuil au-delà duquel la croissance diminuerait. Le principal ratio de "soutenabilité de la dette" se mesure par un ratio entre le montant de la dette publique et le PIB annuel. Disons le tout de suite : ce ratio est d'ores et déjà contestable. La dette publique représente un stock de dette (sur plusieurs années) alors que le PIB représente la création de richesse sur un an...L'échelle de temps étant très différente, cela revient à mesurer des carottes avec des choux.

Quoi qu'il en soit, l’Union Européenne a décrété que ce seuil était de 60% dans le traité de Rome (traité instituant la Communauté Économique Européenne)
Aujourd’hui, la plupart des économistes convergent vers un seuil compris entre 90% et 100%. 
Au delà de ce seuil, on nous promet la croissance faible, la récession, la souffrance, la punition divine des marchés,...

Qu’en est-il ?

Einstein disait que quand on a la tête en forme de marteau on voit les problèmes sous forme de clous.

Pour la dette publique et la plupart des économistes, c'est la même chose sauf que c'est sous forme de boulets... (dans tous les sens du terme).



Un seuil arbitraire

A mon sens, ce seuil est subjectif. Je dirais même simplement...arbitraire. Pourquoi ? L’explication vient qu’en économie, il est assez aisé de faire dire aux chiffres ce qu’on veut bien entendre. C’est du moins ce que j’en ai déduit en préparant mon article sur les Chiffres en Économie.
Les informations étant de plus en plus partagées et accessibles, il est beaucoup plus facile de « contrôler » la méthodologie ou les données utilisées dans une étude. Les exemples de contre-analyse sont courants en ce moment ; on peut citer par exemple l’erreur de calcul du FMI (coefficient multiplicateur) ou, plus dans le contexte, l’erreur Excel et l’oubli de données dans l’étude sur le seuil de dette publique (« Growth in a Time of Debt » de Reinhart et Rogoff).
Et encore là, il ne s’agit que de corrections de chiffres, mais souvent on assiste à des corrélations curieuses pour justifier un fait économique. Un peu comme si on cherchait une corrélation entre le nombre d’œufs que vous mangez par mois et notre PIB (avec la bonne méthodologie, il serait assez simple de faire un pont entre les deux afin de vous demander d’arrêter de manger des œufs au nom de notre patrie ou au contraire d'en remplir votre frigérateur…enfin bref...).



La mesure du secteur public

Le problème de cet effet de seuil est en grande partie lié à la production du secteur public tel que mesurée par les économistes. En effet, elle se mesure généralement par les dépenses. Comprenez par là que la finalité d’un service ou d’un produit public n’a aucune importance dans le calcul. Même en réorganisant le secteur public de manière magistrale et spectaculaire, les conséquences sur la production publique seraient nulles –telle que mesurée par les économistes actuellement–. 
Cette méthodologie justifie d’ailleurs toute réduction des dépenses publiques : par exemple privatiser le secteur de la santé revient à passer d’une évaluation par les dépenses à une évaluation par le prix de vente qui est par nature plus élevé. De manière sous-jacente, cela signifie que pour faire augmenter la croissance (ou la libérer comme on dit), il faut privatiser et encore privatiser ! 
La boucle est bouclée de manière purement artificielle et idéologique.



Une mauvaise priorité

Cette conclusion se retrouve dans la politique économique actuelle : Sauvons notre pays en pratiquant l’austérité. 
Cette stratégie est inspirée de chiffres arbitraires et d’études aux conclusions souvent idéologiques. On en vient à oublier le nombre de personnes sans-emploi, les entreprises en difficultés et le bien-être en général qui sont les grands oubliés des modèles économiques.
Ce seuil de dette publique que personne n'arrive à estimer correctement ou, même à en prouver l'existence, ne devrait pas être la préoccupation actuelle. 
Le changement de tableau de bord pour les politiques économiques avec des indicateurs pertinents et au goût du jour devient indispensables pour sortir de cette crise.

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