Article(s) en Réflexion : Aucun pour le moment...

dimanche 10 février 2013

Le pouvoir


David Orrell et Tomas Seldacek avaient déclaré dans "le crépuscule de l'Homo Œconomicus" :
« Le principal obstacle au changement c’est le pouvoir. La théorie économique tient aux qualités de ses experts qui la défendent. »

Le prix serait toujours juste grâce aux jeux du marché et la plupart des théories économiques dépendent de cette allégation. Je vous invite à lire mes précédents articles afin de vous faire votre propre idée sur la question.
Quoiqu'il en soit, qu'apporterait un changement en matière d'économie, de politiques économiques et de travail ? Sans entrer dans la théorie du complot, nous savons qu’un changement pourrait apporter des effets négatifs aux classes aisées et très aisées : ce n’est donc pas dans leur intérêt qu’il y ait des réformes et des bouleversements dans le système actuel. Ils n’hésitent pas à investir des sommes colossales pour que rien ne change et conserver à leurs cotés ceux qui pourraient déranger le système.
L’enjeu est l’argent et le pouvoir…

Pour le philosophe Axel Honeth, nous vivons dans une société du mépris, d’où le besoin d’affirmer l’estime de soi et le respect.


Notions de pouvoir

On estime qu’il existe 3 sources de pouvoir :
  • Le pouvoir charismatique : c’est une sorte d’autorité naturelle qui émanerait d’un leader/meneur/donneur d’ordre. A la manière des religieux par exemple.
  • Le pouvoir traditionaliste : C’est soit un pouvoir fondé sur la tradition (forme de népotisme), soit sur les compétences. Ce pouvoir est souvent de nature bureaucratique (au sens de Fayol). Bref, c’est l’institution qui fait le chef.
  • Le pouvoir démocratique : C’est l’autorité par élection ; la loi du nombre.     
 Pour vous, quel est celui qui primerait aujourd'hui? On peut en discuter mais cela pourrait  bien être pouvoir traditionaliste (malgré tout ce qu'on en dit)...



Le pouvoir en économie et en politique

Une des «lois» en économie est que les intérêts privés et individuels concourent à l'intérêt général. Inutile d’avoir un doctorat pour comprendre que toute chose n'étant pas égale, à la manière d’une loi de la jungle des temps modernes, ce n’est pas forcément vrai.
Seuls les plus influents se font entendre et ce n'est pas forcément dans l'intérêt de tous.
Que ce soit les pigeons, les moutons, les chauves ou je ne sais qui, ils le font dans leurs purs intérêts et généralement au détriment du plus grand nombre.
Un des exemples récents est celui des banques et du projet de réforme bancaire. Après avoir bien profité des aides (et d’avoir littéralement brisé la « loi du marché » en posant le débat de l’alea moral), le président de la Fédération Bancaire Française a demandé de reporter le projet de réforme bancaire à 2017. Motif ? Nous sommes dans un monde ouvert et cela rend les banques françaises moins compétitives.
Fin 2010, Paul Krugman déclarait dans le New York Times :
« Voyez-vous, les riches sont différents de vous et moi : ils ont plus d’influence. C’est en partie dû à leurs contributions aux campagnes électorales, mais cela résulte aussi de la pression sociale qu’ils peuvent exercer sur les politiques. Ces derniers passent beaucoup de temps avec les riches. Et lorsque les riches sont menacés de payer un supplément d’impôt de 3 ou 4 pour cent sur leur revenu, les politiques compatissent, de façon bien plus aiguë, à l’évidence, que lorsqu’ils sont confrontés à la douleur des familles qui perdent leurs emplois, leurs maisons, et leurs espoirs. »

Pourquoi tant d'influence ?

Comme l'a dit Paul Krugman, il y a une nette différence entre la prestance, l'élocution, le ressenti,…entre un riche et un pauvre. Mon objectif n'est pas ici de stigmatiser les riches mais de faire remarquer qu'ils savent comment parler, comment convaincre, comment se faire écouter, comment influencer les décideurs...Et en plus ils donnent l'impression d'avoir "réussi" et par eux-mêmes qui plus est (mythe du self made man). Bref, d'être des bons hommes qui sauront prendre les bonnes décisions pour la société.
Les personnes aisées ne vivent pas dans le même monde que celui de M. Toutlemonde.  Elles possèdent un réseau de personnalités toutes plus influentes les unes que les autres, les plus grandes écoles leurs ouvrent la porte, l’argent arrive plus facilement,…Bien que ces personnes ont souvent et surtout bénéficiées d’un héritage (financier, culturel, social, médiatique,…) elles possèdent une aura naturelle de réussite : argent, réussite, intelligence et en plus elles créent des emplois. Enfin elles ont souvent l’habitude de « chauffer les foules », de commander et diriger (héritage culturel et familial que ce soit en observant ses parents ou en ayant du personnel de maison) : la grande classe !
Ajoutons à cela qu’il existe une forte connivence entre le monde des affaires et le monde politique. Et elle est tout à fait compréhensible : ils étaient ensemble sur les bancs de l’école, leur famille fait partie d’un réseau de hauts cadres et/ou de dirigeants et/ou de hauts fonctionnaires qui eux même ont des relations anciennes avec d’autres entrepreneurs et politiciens,…C’est le même monde. Et on sait qu’il est difficile de dire « non » à un ami.
Il est évident que cela fausse la recherche économique et créé de l’idéologie : être persuadé (en réalité croire) que c’est naturel.

Encore une fois, je ne fais pas ici d’apologie de la théorie du complot : il suffit d’être franc pour reconnaître que si M. Toutlemonde n’est pas content d’une décision du gouvernement, il ne pourra rien faire (il ne saura même pas par où commencer) alors que M.Unpourcent saura quoi faire et saura se faire conseiller. Quand nous faisons nos parties de cartes et que nous nous mettons autour du fromage et du saucisson pour parler soucis et joies, vous imaginez bien que les gens aisés le font aussi…,de manière probablement différente, mais en tout cas ils en arriveront aussi à parler de leurs différents soucis. Si l’un d’eux est la fiscalité par exemple, il est possible que ce sentiment soit partagé et qu’ils puissent faire le nécessaire pour se faire entendre.

Et il est tellement aisé de tirer la couverture vers soi quand on en a le pouvoir…



Le pouvoir dans l’entreprise

On estime que l’entreprise connaît un aplatissement considérable de la hiérarchie, permis par plusieurs raisons (amené par l'évolution du management) :
- Informatisation : l’informatique permet de contrôler : il n’y a plus besoin de « petit chef » (Ex : Carte magnétique, caméras,…) ; 30% des salariés subissent un contrôle permanent,
- La constitution des équipes : Il n’y a plus besoin de chef, car les salariés vont se contrôler entre eux. C’est le passage de la loi du père à la loi des frères (ce qui est plus dur, car c’est la loi par nos semblables, c'est-à-dire par un comme nous). Grosso modo, cela signifie que nous nous contrôlons les uns les autres : Imaginez un bureau avec dix comptables ou dix techniciens de surface en plein travail (tous au même niveau). Tout le monde finit normalement à 17h00 et quelqu’un voudrait partir à 16h...Imaginez qu’à 16h, il commence à ranger ses affaires et se préparent à partir...

Il faut tout de même ajouter une précision sur cet aplatissement : moins il y a de chefs, même cachés, plus ils sont puissants. Pire : plus cela crée un certain flou et un jeu de pouvoir.  

Ainsi l’entreprise moderne n’offrira plus les mêmes perspectives d'évolution. On peut estimer que beaucoup de salariés ont un besoin de changement, de mobilité. La solution c’est de créer une mobilité horizontale. De même, il y aura moins d’évolution des salaires, ce qui concourt à la dé-moyennisation de la société (du coté salarié) et à la baisse des charges de personnel (du coté employeur).
Il faudra également accompagner ce nouvel état d'esprit par de nouveaux artifices : stage de motivation, stage de communication, des outils de reconditionnement (PNL, analyse transactionnelle,...),...

Manager et Identité

Le mot "manager" signifie de plus en plus "auto-contrôler" afin que tout le monde soit un Manager" dans le sens Manager (de soit ou de ses pairs). C'est sans doute une conséquence du développement du management maternant.
Une autre conséquence est la transformation des identités de métier : l’équipe, au sens moderne, voit l’entreprise se substituer aux identités de métier (fin de la culture de métier et corporations).
Le lien social dans l’entreprise s'est transformé : on parle de fusion ou de lien amoureux à l'entreprise ("J'aime ma boîte", "I love Mc Donalds",...) - d'un point de vue technique, on utilise l'expression de « psychologisation du lien social avec l’entreprise ». 

C'est à mon sens assez grave de manipuler cette logique du désir car amour et haine ne sont que les deux facettes de la même pièce...

Aucun commentaire: