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mardi 26 février 2013

La croissance française en 2013

Les prévisions de croissance du gouvernement vont certainement être revues à la baisse pour se rapprocher du consensus.


La reprise pour quand ?

Pour simplifier, la croissance peut venir de la consommation (les consommateurs), des investissements (les entreprises et l’État) et de nos échanges à l’étranger (rapport exportations – importations).


Les Ménages et les Entreprises

Les ménages et les entreprises restent encore très endettés.
A cela s’ajoute la fiscalité de plus en plus lourde mais qui a le mérite de se focaliser sur les hauts revenus et de ne pas trop pénaliser la consommation intérieure. Cela tombe bien car la situation de l’emploi est particulièrement précaire : les classes modestes et moyennes sont terriblement touchées par le chômage et la crainte de perdre leurs emplois : le taux de chômage devrait attendre 11,25% fin 2013 selon l’OCDE. C'est une véritable saignée : chaque jour, on compte entre 1000 et 1500 chômeurs supplémentaires en France.
En cause : la faiblesse des débouchés, l’endettement des entreprises et la faiblesse de leurs taux de marge (c'est-à-dire la distribution des gains pour l’entreprise par rapport aux salariés et à l’Etat) : il est tombé à 28% cette année. Cela se traduit par des ajustements en termes d’investissement et d’effectifs (d’où le nombre de fermetures d’entreprises et d’usines).

Enfin, les banques (le système bancaire en général en fait) sont encore fragiles et ne prêtent que difficilement aux entreprises.

Il y a donc un risque important de créer une spirale récessive :
Au delà il existe aussi un risque de dérapages : les risques politiques. Ce sont les disputes et autres coups d'éclats inattendus et sur-médiatisés entre pays. Les intérêts des pays de la zone Euro étant divergents, il est possible que la dégradation de nos économies fasse monter les tensions. Or les "marchés" y sont très sensibles. De ces risques politiques découlent également les querelles avec les dirigeants de grandes sociétés (à l'instar de M. Taylor Jr et M. Montebourg) et les personnalités (comme G. Depardieu) qui sont restent pour l'instant anecdotiques.


L’Etat

L’État est pour l’instant pris entre le marteau et l’enclume :
  • D’un coté, le marteau : réduire le déficit public,
  • De l'autre, l’enclume : soutenir l’activité pour éviter une récession.
La Zone Euro est clairement dans le cas du marteau quitte à faire plonger la zone dans la récession. La rigueur n’en est d’ailleurs qu’à ses débuts en France car le gouvernement va inexorablement baisser ses prévisions de croissance pour l’année 2013. L’activité française étant moins importante que prévue, les recettes prévisionnelles de l’Etat baisseront en proportion. Il faudra donc soit accepter un déficit public plus important (au-delà des 3%), soit serrer encore la ceinture. Ou les deux.
Malheureusement, nous savons qu’en temps de crise, pour un euro dépensé par l’Etat, les retombées seront supérieures à un euro (on parle du multiplicateur kénésien ou du coefficient multiplicateur). Et inversement. 
Ainsi, réduire les dépenses de l’Etat de 1% du PIB revient à contracter le PIB de la France de plus de 1% (on peut estimer cette contraction entre 1,5 et 2%).


Le Commerce Extérieur

Le déficit du commerce extérieur de la France a baissé en 2012 malgré une hausse de la facture énergétique. Cette bonne nouvelle n'est pas aussi bonne en réalité : la cause en est la baisse de la demande intérieure française et donc des importations.
La France est relativement dépendante de la consommation des pays de la zone Euro. Or l’austérité étant de rigueur chez nos voisins, cela risque d’affecter négativement nos échanges avec eux. 
En dehors de la zone Euro, la hausse de l’Euro par rapport au Dollar et aux autres monnaies (de nos partenaires commerciaux) ne jouent pas en notre faveur. L’Euro aura bientôt retrouvé sa valeur de 2011 et risque de continuer à grimper. Se faisant, la compétitivité de nos entreprises  exportatrices est en danger.



Solutions

A long terme

Certaines solutions se situent au niveau européen : elles ont pour la plupart été résumées dans mon billet sur la fin de l’euro dans les « sujets qui fâchent » auxquelles s’ajoutent une part de l’enveloppe des 40 milliards d’euros d’investissements par an (obtenu lors de la négociation du pacte budgétaire européen).
D’autres se trouvent au niveau national : vous pouvez trouver la majorité d’entre elles dans mon billet sur les chantiers du prochain président auxquelles s’ajoutent la banque publique d’investissement qui peut soutenir le financements de nos PME.
Cela dit, il paraît cohérent de dire que la machine ne repartira pas tant que les acteurs privés ne se seront pas désendettés.

 

A court terme

En France, ce manque de croissance et de recettes se traduira :
  • Soit par de l’austérité supplémentaire (qui serait catastrophique compte tenu du coefficient multiplicateur et du taux de chômage actuel),
  • Soit accepter un déficit annuel supérieur aux 3% et se confronter à la commission européenne et à l’Allemagne.
On peut penser (et espérer) que le gouvernement choisira la deuxième option.  


La croissance potentielle de la zone Euro se situera sur la prochaine décade à 0,4% / an en moyenne (0,4% / an en France) selon les études de Natixis.

Ce taux de croissance est très faible par rapport aux décennies précédentes et les économistes estiment que c'est un taux trop faible. Cela entraîne déjà un cercle vicieux : une mauvaise allocation des investissements, un taux de chômage élevé surtout chez les jeunes, un manque de recherche/innovation et la réduction des capacités de production.

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